Le cancer des enfants - une science à part entière
Le cancer pédiatrique est une maladie rare, qui comprend 60 maladies tumorales différentes dont les causes restent en grande partie inexpliquées. D’un point de vue médical, le défi consiste à traiter le cancer de la manière la plus efficace possible, tout en minimisant les effets secondaires aigus et les séquelles. Mais comme les investissements dans la recherche sur le cancer pédiatrique ne sont pas rentables pour l’industrie pharmaceutique en raison du faible nombre de cas, des médicaments autorisés uniquement pour les adultes doivent souvent être utilisés pour traiter les enfants atteints de cancer. De plus, la mise à disposition de ces médicaments pour les jeunes patients accuse d’importants retards. Or les enfants ne sont pas simplement des adultes miniatures. Ils ne souffrent pas des mêmes types de tumeurs et réagissent différemment aux traitements. Bien que de nombreux médicaments classiques utilisés en médecine adulte soient très efficaces chez les enfants, leur utilisation est problématique : elle reste insuffisamment étudiée et a souvent des effets toxiques. Chez les enfants, qui sont en pleine croissance, ces médicaments entraînent des effets secondaires aigus, et souvent des effets à long terme modérés, voire sévères. Pour les jeunes patients atteints de cancer qui ne répondent pas aux traitements habituels ou dont le cancer récidive, les options de traitement disponibles à l’heure actuelle ne suffisent pas. Cela souligne l’urgence d’inciter l’industrie pharmaceutique à développer des médicaments adaptés au traitement des cancers pédiatriques.
« Sans la recherche, Luis ne serait plus en vie aujourd’hui. »
Recherche sur le cancer des enfants - un exemple de succès pavés d’obstacles
La recherche sur les cancers pédiatriques avance avant tout grâce aux hôpitaux pédiatriques et universitaires engagés au sein du réseau de recherche du Groupe d’Oncologie Pédiatrique Suisse SPOG. La plupart des enfants et des adolescents atteints de cancer participent à des essais cliniques internationaux qui permettent de garantir les standards de traitement les plus élevés et de faire bénéficier les futurs patients des connaissances acquises grâce à ces études. Ainsi, les succès considérables obtenus en matière de guérison des cancers pédiatriques sont dus à la collaboration entre les oncologues pédiatriques du monde entier depuis des décennies. Alors que le taux de survie n’était que de 30 pour cent dans les années 60, il dépasse aujourd’hui 80 pour cent. Mais cela ne suffit pas. A l’avenir, il faut que les 20 pour cent d’enfants pour lesquels il n’existe pas encore de traitement efficace puissent eux aussi guérir.
Face à l’urgence, les médecins et les chercheurs des hôpitaux pédiatriques et universitaires redoublent d’efforts pour augmenter encore les chances de guérison de leurs patients et réduire la toxicité des traitements. La recherche fondamentale en oncologie, qui permet de mieux comprendre les tumeurs spécifiques de l’enfant, ainsi que l’épidémiologie, qui effectue notamment des recherches sur les effets à long terme et les causes des cancers pédiatriques, apportent également une contribution significative à la lutte contre le cancer de l’enfant. Cependant, ces efforts sont souvent mis à mal par des moyens financiers insuffisants et des obstacles administratifs parfois importants, notamment dans la recherche clinique. Le soutien de l’Etat étant loin d’être suffisant, les hôpitaux pédiatriques et universitaires suisses et le SPOG sont contraints de recourir à des dons et à des financements externes pour financer leurs projets de recherche, ce qui mobilise beaucoup de ressources et crée des incertitudes.
« Notre objectif doit être de permettre à tous les enfants atteints de cancer d’avoir accès au meilleur traitement possible. »
Le Dr Nicolas Waespe, médecin-chef à l’Hôpital de l’Île de Berne et spécialisé dans la prise en charge des enfants et des adolescents atteints de cancer.
« Grâce à la thérapie par cellules CAR-T, nous sommes désormais en mesure de traiter des enfants pour lesquels il n'existait aucune solution auparavant. »
Le Dr Francesco Ceppi est oncologue pédiatre dans le service d'hématologie-oncologie pédiatrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Thérapies innovantes - un espoir pour les enfants et les adolescents atteints de cancer
Aujourd’hui encore, presque tous les cancers pédiatriques sont initialement traités au moyen de stratégies conventionnelles : chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. Les nouvelles approches comme la médecine personnalisée et les immunothérapies, déjà utilisées avec succès chez les adultes, sont porteuses de grands espoirs pour le traitement des cancers pédiatriques. L’un des avantages de ces thérapies de pointe est qu’elles ont moins d’effets secondaires du fait que – par rapport à la chimiothérapie qui endommage également les cellules saines –, elles ciblent mieux les cellules cancéreuses. Un facteur important pour les enfants et les adolescents, qui doivent souvent lutter toute leur vie contre des séquelles parfois importantes. Tous les cancers ne se ressemblent pas, et le type de tumeur tout comme l’évolution de la maladie diffèrent d’un patient à l’autre. Grâce aux progrès fulgurants de la biologie moléculaire, les chercheurs sont désormais en mesure de caractériser de manière exhaustive la tumeur d’un individu. Cela permet de traiter de manière ciblée et personnalisée le cancer particulier d’un patient.
L’immunothérapie constitue une deuxième approche très prometteuse. Ces dernières années, elle a permis des progrès rapides dans le traitement de cancers spécifiques, comme certaines formes de leucémie. Les immunothérapies reposent sur le fait que le corps humain est jusqu’à un certain point capable de combattre et d’éliminer les cellules cancéreuses. Les médicaments immunothérapeutiques visent à permettre aux défenses naturelles de l’organisme de lutter plus efficacement contre la tumeur. La thérapie dite par cellules CAR-T notamment, qui peut être proposée aux enfants lorsque les thérapies conventionnelles ont échoué, suscite un grand espoir chez de nombreux parents. Mais pour l’instant, ces nouvelles approches thérapeutiques n’en sont qu’à leurs débuts et leur effet se limite encore à certains types de tumeurs. Des études systématiques de plus grande envergure sont donc nécessaires pour montrer comment ces méthodes peuvent être encore mieux utilisées, par exemple seules ou en combinaison avec des thérapies traditionnelles.
« Mon plus grand souhait est de créer quelque chose d’important pour que les enfants puissent être guéris et devenir des adultes en bonne santé. »
Andrea Timpanaro, chercheur à l’Hôpital de l’Île de Berne, est le lauréat 2022 du Prix pour la recherche de Cancer de l’enfant en Suisse.
Notre engagement - pour un avenir sans cancer des enfants
Pour que tous les enfants et adolescents atteints de cancer en Suisse puissent être traités avec les thérapies les meilleures et les plus modernes possibles, il est essentiel que la recherche soit dynamique, suffisamment financée et qu’elle cible ce groupe de patients. Ces éléments sont fondamentaux pour améliorer les approches thérapeutiques existantes et garantir le développement de nouveaux traitements et médicaments. Les progrès de la recherche fondamentale permettent de mieux comprendre les caractéristiques spécifiques du cancer pédiatrique pour traiter la maladie plus efficacement. Grâce aux connaissances issues de nouvelles études scientifiques, le traitement des jeunes patients atteints d’un cancer pourrait se passer ou diminuer l’emploi de méthodes toxiques, réduisant ainsi les effets secondaires et les séquelles à long terme. Enfin, renforcer la recherche sur les causes du cancer pédiatrique afin d’identifier rapidement les éventuels facteurs de risque est également fondamental. Cancer de l’Enfant en Suisse s’engage donc avec force dans la recherche pédiatrique. Nous finançons des projets prometteurs dans le domaine de la recherche clinique et épidémiologique et encourageons des projets exceptionnels dans le domaine de la recherche fondamentale. Aux côtés de nos organisations membres, nous contribuons ainsi à ce que davantage d’enfants à l’avenir puissent guérir tout en diminuant les effets à long terme.